Depuis quelques jours, nous sommes confrontés à une crise sanitaire sans précédent. Cette situation d’urgence nécessite le confinement des français pour limiter la propagation de l’épidémie du nouveau coronavirus. Constituer un stock de nourriture s’est avéré être l’un des premiers réflexes adopté par la population. Dans des circonstances exceptionnelles comme cette pandémie de Covid-19, l’alimentation révèle aux yeux de tous sa dimension si stratégique et malheureusement parfois oubliée.

 

Quelle régime alimentaire pour renforcer ses défenses immunitaires ?

Selon le Professeur Legrand, Directeur du laboratoire Biochimie Nutrition Humaine à lAgrocampus, INRAE de Rennes, pour vieillir en bonne santé et obtenir l’ensemble des nutriments dont notre corps a besoin, manger de tout en quantité raisonnable est l’attitude alimentaire la moins risquée.

Une alimentation variée et équilibrée permet de renforcer ses défenses immunitaires. Dans un contexte épidémique, il est utile de rappeler qu’un régime alimentaire omnivore limite les prises de risques pour la santé.

Un régime omnivore limite les carences et renforce les défenses immunitaires naturelles.

Le bon sens dans l’alimentation doit rester la règle pour éviter tout excès ou carences ainsi que pour trouver le bon compromis entre aliments d’origine animale et aliments d’origine végétale.

Voici la pyramide alimentaire d’une alimentation variée et équilibrée. Cette pyramide se fonde sur le Plan Nutrition National Santé (plus de détail sur www.mangerbouger.fr). C’est un outil visuel intéressant qui permet de retrouver les recommandations de base pour ne faire l’impasse sur aucun aliment.

pyramide-alimentaire-manger-équilibré

Comme on peut le voir sur cette pyramide, et comme le répète très souvent les autorités sanitaires, il est important d’augmenter sa consommation de fruits et de légumes frais. Les premiers jours du confinement ont montré un fort intérêt pour les produits de longue conservation : les achats de pâtes ont par exemple augmenté de 200 %1 suite aux premières annonces de confinement. Il est important pour sa santé de ne pas faire l’impasse sur les fruits et légumes frais. Confinement ne doit pas rimer avec déséquilibre alimentaire.

À l’échelle internationale, la FAO, dans son dernier rapport sur la Sécurité Alimentaire et la Nutrition dans le Monde, rappelle l’importance d’un régime omnivore pour lutter contre les carences : « même en petites quantités, les aliments d’origine animale peuvent jouer un rôle important dans l’amélioration de l’état nutritionnel des ménages à faible revenu en comblant les carences en micro et macronutriments ». La FAO précise qu’« une femme sur trois en âge de procréer souffre d’anémie dans le monde, ce qui a d’importantes conséquences pour la santé des femmes et de leurs enfants. »

Le Professeur Philippe Legrand souligne à cet égard, que « tous les problèmes de nutrition et de mal nutrition ont été résolus par laccès aux produits animaux : viande, lait, œufs… ».

« Cest toujours laccès aux produits animaux qui a solutionné les problèmes de carences ».

Manger de tout en quantité raisonnable est donc le comportement le plus responsable pour limiter les risques pour notre santé.

 

 

Comment maximiser la production pour nourrir le plus de monde possible ?

La situation est inédite : du jour au lendemain, à cause de l’épidémie de coronavirus, les cantines et les restaurants ont fermé leurs portes sur décision du gouvernement. Dès lors, les français se sont rués sur les magasins alimentaires pour faire des stocks en prévision du confinement. La demande en nourriture a brusquement bondi de 30 %2.

La peur de manquer de nourriture nous ramène à une question essentielle : comment produire le plus de nourriture possible pour nourrir le plus de monde possible sur un territoire agricole qui ne cesse de diminuer, grignoté années après années par les villes. Pas moins de 2 millions d’hectares de surfaces agricoles ont ainsi disparu en 30 ans en France.

L’équivalent de 2 départements de surface agricole a disparu en 30 ans en France.

Certains affirment que la solution miracle pour nourrir le plus de monde s’appelle le véganisme. La réalité, c’est que nous avons besoin de la contribution des animaux pour optimiser nos ressources alimentaires. Pourquoi ?

 

  • Nous avons besoin des animaux d’élevage pour valoriser les déchets de lagriculture et de lindustrie agroalimentaire que nous ne pouvons pas manger. Gardons à l’esprit que le régime alimentaire des animaux d’élevage nentre pas systématiquement en compétition avec le notre. Jean-Louis Peyrauld, Directeur scientifique adjoint agriculture à lINRAE, rappelle que :

80 % de la ration alimentaire des animaux n’est pas consommable par les humains.

 

 

  • 2/3 des surfaces agricoles du globe sont des zones de « prairies » au sens large : steppes, montagnes, toundra, savane… qui ne peuvent pas être cultivées. La seule façon de produire de l’alimentation à partir de ces espaces, c’est d’y placer des animaux herbivores. Jean-Louis Peyraud souligne ainsi le non-sens d’un monde « vegan » :

« Se priver de l’élevage, c’est se priver d’une quantité énorme de protéines pour nourrir la planète » 

Ces espaces représentent « 25 % de la production mondiale de produits animaux. Il faut donc garder en tête que l’élevage peut être un contributeur net à la production de protéines et de nutriments pour les sociétés ».

 

 

  • Pour que 1 hectare cultivé dans le monde nourrisse un maximum de personnes, il faut des animaux. Un monde 100 % vegan nécessiterait plus de terres agricoles pour produire la même quantité de nourriture. Or, comme nous l’avons vu plus haut, les terres agricoles ne cessent de disparaitre. 

Au Pays-Bas, il a ainsi été démontré que, jusqu’à 25% de protéines animales dans le régime alimentaire, la demande en terres reste inférieure à celle d’un régime végétalien. Autrement dit, si les Pays-Bas étaient 100 % végan, il faudrait plus de surfaces cultivées pour nourrir la population que si cette population consommait 25 % de protéines animales et 75 % de protéines végétales.

 

 

En situation de crise sanitaire et de restriction des déplacements, quelle souveraineté alimentaire pour la France ?

La crise sanitaire que traverse la France révèle la richesse et la diversité de notre système alimentaire. Tous les acteurs de l’alimentation sont mobilisés pour répondre aux besoins de la population qui, dans un contexte de « guerre » fait des provisions. Les professionnels ne cessent de le répéter :

Il n’y a pas risque de pénurie alimentaire.

Grâce à la diversité de ses paysages, de ses productions agricoles et ses nombreux acteurs agroalimentaires, la France fait preuve d’une résilience exceptionnelle pour nourrir sa population.

C’est dans ce contexte inédit que tout à chacun réalise qu’il est vital d’assurer notre souveraineté alimentaire. La France ne doit en aucun cas dépendre des importations. Il sera utile de faire, à ce titre, l’inventaire des domaines pour lesquelles nous sommes encore trop dépendants. Est-il normal, par exemple, que 87% du poulet consommée en France hors du domicile soit importé3 ?

Notre autosuffisance alimentaire passe en outre par nos entreprises de transformation de nourriture. Garder nos usines de transformation sur le territoire est une richesse essentielle qui saute aux yeux. Cela permet de maintenir l’emploi local tout en garantissant une sécurité alimentaire salvatrice.

Il est utile de rappeler par ailleurs que le nombre d’agriculteurs ne cesse de baisser en France : de 514 000 en 2008, ils n’étaient plus que 448 500 en 2018. C’est une baisse de 1,5% à 2% par an selon les chiffres de la mutualité sociale agricole (MSA). C’est inquiétant alors que 50% de nos agriculteurs ont plus de 50 ans.

Et pourtant, malgré ces chiffres, la France est la première puissance agricole européenne (devant l’Allemagne et l’Italie). Notre agriculture est considérée depuis maintenant 3 ans, comme « la plus durable au monde ». Bonne raison pour la valoriser en privilégiant les aliments français lors de nos achats. Par ce choix, nous préservons également l’emploi local.

Se reposer sur nos lauriers serait une grave erreur. Bien au contraire, il faut continuer de se perfectionner, comme le font nos agriculteurs et tous les acteurs de la chaîne alimentaire tricolore. Notre modèle agricole hyper diversifié ne cesse d’être toujours plus performant. Célébrons aujourd’hui et demain ceux qui nous nourrissent !

 


1 https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/lindustrie-agroalimentaire-au-defi-de-lexplosion-de-la-consommation-a-domicile-1185846 
2 Ania (Association nationale des industries alimentaires)

3 Anvol 

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