Avez-vous déjà entendu parler du locavorisme ? À la fois art de vivre et discipline alimentaire, ce mouvement connaît de nombreux adeptes en France depuis quelques années. Venu tout droit des États-Unis, en quoi consiste ce phénomène proche de l’acte militant où l’enracinement géographique influe sur la manière de s’alimenter ?
– Acheter des aliments produits localement (<160 km).
– Consommer uniquement des fruits et légumes de saison.
– Consommer des aliments issus d’une agriculture raisonnée ou biologique.
Entré en 2010 dans le Larousse, le terme « locavore » désigne une « personne qui décide de ne consommer que des fruits et légumes locaux et de saison pour contribuer au développement durable ».
Le locavorisme est un mouvement qui prône ainsi la consommation d’aliments produits localement dans un rayon maximum de 160 km. Pourquoi ce chiffre de 160 km ? Tout simplement parce que le terme « locavore » a été inventé aux États-Unis par une habitante de San Francisco qui, lors de la journée mondiale de l’environnement en 2005, a milité pour que ses concitoyens essayent de consommer uniquement des aliments cultivés ou produits dans un rayon de 100 milles ou 160 km dans notre système de mesure.
Si le terme « locavore » est récent, le fait de consommer de la nourriture produite localement ne date pas d’hier. Avant les Trente Glorieuses, la vente sans intermédiaires était la norme à une époque où la grande distribution n’existait pas encore.
La vente directe n’a d’ailleurs jamais véritablement disparu et de plus en plus de producteurs proposent aux consommateurs de venir directement se ravitailler dans leurs exploitations agricoles. Plus facile d’accès pour les urbains, les marchés ont aussi maintenu ce lien avec les producteurs locaux.
6 à 7 % des achats alimentaires en France se feraient par des circuits courts.
Définition « circuits courts » : circuits de vente directe ou avec un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur
Par ailleurs, dans les années 70, les japonais, puis dans les années 80 les américains, ont remis au goût du jour les circuits courts en créant respectivement le « teikei » et le « Community Supported Agriculture (CSA) ». En France, ces systèmes ont été transposés en 2001 avec la création des AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Dans les 3 cas, le système est identique : il s’agit d’un partenariat entre des producteurs qui s’engagent à fournir un panier de produits locaux et des consommateurs qui paient à l’avance leur commande en guise de souscription. 17 ans après, on dénombre plus de 2000 AMAP pour 250 000 adhérents.
Depuis quelques années et le développement d’internet, le « locavorisme » s’est digitalisé pour toucher une population plus jeune et plus urbaine. L’apparition de sites internet comme « la Ruche qui dit oui » et ses 1200 points de ventes et son frère jumeau « locavor.fr » en sont les exemples les plus concrets.
La grande distribution s’y est mis également. Aujourd’hui, la grande majorité des super et hypermarchés proposent des produits locavores dans des rayons qui leur sont entièrement dédiés, offrant une alternative aux circuits courts. Cette cohabitation permet aux producteurs ancrés sur leurs territoires de proposer leurs produits à des consommateurs qui, sans obligatoirement aller vers les circuits-courts, cherchent à consommer local. Chacun y trouve sa place !
Effet de mode ou réel engouement ? Le débat reste ouvert. Une seule certitude :
le locavorisme favorise le maintien des populations sur l’ensemble du territoire et c’est déjà un bon point !
Points de vente en circuits courts les plus fréquentés
les chiffres sont exprimés en pourcentage