La viande : un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout ? Face aux critiques dont est fréquemment l’objet cet aliment pourtant plébiscité par 96 % des français, il est bon d’entendre un discours scientifique dépassionnant le débat. C’est le cas de cet ouvrage du Docteur Jean-Michel Lecerf (spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques, Responsable du service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille) qui apporte une réponse médicale précise et chiffrée.
« Ne faisons pas de la nourriture un nouveau totalitarisme dans un sens ou dans l’autre, une nouvelle morale ou une nouvelle religion. En termes de nutrition, la vérité s’appelle variété et modération ».
C’est un discours plein de sagesse que livre le Dr Lecerf dans ce livre. À travers 6 chapitres, il traite non seulement de nutrition, mais également de bien-traitance animale, de sociologie du comportement ou encore d’environnement. Nombre d’informations passionnantes illustrent son exposé. On y apprend par exemple que « 72% des Français sont des petits et moyens consommateurs de viande de boucherie »1 ou qu’ « en France, le recours aux hormones à des fins de croissance animale est interdit »2, n’en déplaise à feu Jean Ferrat et son fameux « poulet aux hormones » qui aura effrayé toute une génération.
Loin de tout dogmatisme, il recommande une consommation modérée de viande et une augmentation des aliments sources de protéines d’origine végétale dans un régime alimentaire varié et équilibré.
Il souligne la complexité de la nutrition qui n’est ni blanche ni noire et appelle à « faire dans la nuance plutôt que dans les injonctions ou dans les propos incendiaires »3. En outre, il précise qu’à travers le monde, « la couverture des besoins nutritionnels est de plus en plus satisfaisante grâce à la consommation accrue des aliments d’origine animale »4.
Par ailleurs, il rappelle qu’ « un médecin ne peut approuver (le végétalisme) en raison de ses risques déficitaires et carentiels »5. Surtout, il insiste sur les risques de divisions dans la société engendrés par les exclusions alimentaires et la « paranoïa incessante », « au risque de plus pouvoir manger ensemble »6 alors même que le repas est un instant de socialisation et d’échange primordial.
Un livre apaisant qui permet enfin de prendre de la hauteur sur un sujet de plus en plus clivant.
Retrouvez ci-dessous le Dr Jean-Michel Lecerf évoquant la place de la viande dans les régimes alimentaires :
1 La viande : un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout ? Dr Jean-Michel Lecerf, Buchet-Chastel, 2016, 128 p., p 39 ↩
2 Ibid p 102 ↩
3 Ibid p 9 ↩
4 Ibid p 94 ↩
5 Ibid p 120 ↩
6 Ibid p 118 ↩