Souvent perçu comme une matière inerte, le sol est pourtant une matière bien vivante qui a besoin d’être nourrie pour permettre aux végétaux de pousser. Les déjections des animaux d’élevage (fumier, lisier) sont un formidable atout pour fertiliser les sols où l’on cultive les végétaux destinés à l’alimentation. Voila pourquoi, sans élevage, pas de légumes ni céréales ! Pour bien comprendre cette relation élevage/végétaux, allons-nous balader au ras des pâquerettes.
De quoi est constitué un sol ?
Le sol résulte de l’association de trois éléments : solide, liquide et gazeux. La partie solide est constituée par de l’écorce terrestre (de la roche altérée) et de la matière organique. Cette matière organique est elle-même composée de débris végétaux et d’une multitude d’organismes vivants (bactéries, champignons, insectes, vers de terre…).
La qualité d’un sol et donc sa fertilité dépend de la nature de la roche qui le constitue et de la décomposition de sa matière organique. Ainsi, « le sol naturellement, vit, grouille, respire et foisonne de petits organismes […] qui sont au service de la fertilité et dont dépend l’abondance des récoltes »1. L’éleveur de brebis Pierre-Etienne Raoult auteur d’un livre passionnant dans lequel il expose son point de vue paysan sur le véganisme insiste en outre sur le fait que « la fertilité d’un sol n’est jamais chose acquise mais est, au contraire, en constante évolution »2. D’où l’intérêt de bien le nourrir avec ce qui se fait de mieux : le fumier animal.
Le fumier, un fertilisant irremplaçable
Dominique Florian, Présidente de l’Institut de Recherche en Agriculture Biologique pour l’Europe (IRABE), rappelle ainsi que le «fumier de ferme d’herbivores reste un fertilisant de base inégalé, incomparable et irremplaçable, aussi bien pour optimiser la qualité biologique de la production agricole que pour tenir en respect le parasitisme et les maladies de tous ordres […] pour maintenir ou restaurer la structure physico-chimique et biologique des terres même les plus dégradées »3.
Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint agriculture de l’INRA, souligne la même évidence :
« les effluents d’élevage sont une source de matière organique indispensable à la fertilité des sols »4.
Les solutions alternatives au fumier animal ne paraissent ni souhaitables, ni durables, ni réalistes. Une des alternatives consiste à forcer le sol avec des solutions chimiques, une solution qui ne s’inscrit pas « dans une perspective d’agriculture respectueuse et durable »5. Qui préférerait réellement faire appel à plus d’engrais chimique, à davantage d’artificialisation ? Quant au recours à l’engrais végétal composté au fond de votre jardin, il ne peut satisfaire le besoin en volume de fertilisant, pas plus que l’utilisation des déjections humaines.
Au pays des végétaux, rien de mieux que le bon vieux fumier issu de l’élevage pour conserver un système alimentaire durable, respectueux de la Nature. Un vrai cercle vertueux naturel !
1 Végano-sceptique, regard d’un éleveur sur l’utopie végane, Pierre-Étienne Rault, éditions Dauphin, p 88 ↩
2 Ibid, ↩
3 Ibid, p 95 ↩
4 Réponses à ceux qui veulent abolir l’élevage, La France Agricole, Hors-série 2018 ↩
5 Végano-sceptique, regard d’un éleveur sur l’utopie végane, Pierre-Étienne Rault, éditions Dauphin, p 95 ↩