Note - Février 2024

Sécurité alimentaire des français
Allons-nous faire sur l’alimentation la même erreur que sur l’énergie ?

Pascal PERRI

Pascal Perri est diplômé de géopolitique (D.E.A), de géographie (doctorat) et de gestion (Doctorat).
Il est éditorialiste économique à LCI, la chaine info du groupe TF1 et chroniqueur aux Échos et pour la France agricole.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages, « Toujours moins cher » Ed de l’Atelier, « La bataille du pouvoir d’achat » Eyrolles, « Les impôts pour les Nuls » First Éditions, « Génération Farniente » L’Archipel.
Pascal Perri est membre de la Société d’Économie Politique.

Introduction

Notre alimentation
Souveraineté, liberté et sécurité

L’agriculture française a toujours été un outil de puissance. D’abord au service de la monarchie française, puis bras nourricier de la Révolution française.
Elle participe ensuite à la prospérité naissante du XIXe siècle français et connait au XXe siècle la révolution de la mécanisation, épouse les progrès
de la chimie végétale et entre désormais dans la transformation digitale.
Les progrès de l’agriculture française participent au succès des 30 Glorieuses, à l’avènement d’une société bien nourrie. Elle traverse aujourd’hui une crise de sa valeur. La consommation alimentaire s’est commodisée, les consommateurs l’ont désinvestie. Ils se sont habitués à payer toujours moins cher alors que les coûts de production augmentaient. En 2022 et 2023, l’inflation alimentaire a dépassé les 20%. Les deux tiers de ces augmentations de prix ont été captés par la grande industrie affirme l’Autorité de la concurrence.

Le mouvement de colère des agriculteurs français et accessoirement européens du mois de janvier 2024 a traduit l’exaspération et le dépit des ouvriers de la terre : exaspération face aux multiples contraintes européennes ou franco-françaises, exaspération face à une concurrence débridée et insincère sur la qualité des productions, dépit face à un État souvent absent, plus à l’aise dans la position du gendarme que dans celle du soutien. L’agriculture française n’est pas vouée au déclin. Elle est vertueuse et doit inspirer confiance. Elle fournit un besoin fondamental, non seulement physiologique mais aussi attaché au plaisir d’être ce que nous sommes.
Des campagnes de dénigrement visent aujourd’hui la qualité des productions françaises. Elles sont le fait d’activistes non professionnels animés par leur combat contre « l’agrobusiness », formule valise destinée à jeter le discrédit et à jouer sur les peurs. La communauté scientifique, à l’inverse de ce point de vue plébiscite une agriculture française respectueuse de la qualité des productions, de la sécurité des consommateurs et mieux disante sur le plan environnemental. Notre alimentation doit rester le terrain des libertés individuelles. Il faut ainsi combattre les tentations de réglementer ce que nous choisissons de manger ou de ne pas manger. L’ambition agricole française mérite mieux que des oukases ou des anathèmes.

Malheur à un pays qui se nourrit de ce qu’il n’a pas cultivé dit le bon sens. Confrontés à une réglementation environnementaliste, les agriculteurs français revendiquent la fierté de leur travail et leur contribution à la richesse immatérielle du pays. Ils dénoncent les biais idéologiques qui appellent
la décroissance et la naïveté des politiques qui l’organisent. Ils entendent rappeler que toutes les grandes puissances du monde s’appliquent à consolider leur souveraineté alimentaire, sans nier l’intérêt du commerce international. La balance commerciale agro-alimentaire est toujours excédentaire. Les agriculteurs (trices) rappellent enfin qu’ils ont été au rendez-vous lorsqu’il s’est agi de fournir l’alimentation d’un pays confiné plusieurs mois. L’agriculture d’aujourd’hui est celle de la haute précision.
Entre 1990 et 2020, le secteur a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 13%. Les recherches en cours, trop souvent décriée permettront d’inaugurer de nouvelles solutions pour produire en toute sécurité sous la surveillance étroite des Autorités sanitaires.
L’enjeu est donc de faciliter la vie des producteurs. Adossés à une expertise de plus en plus robuste, les agriculteurs et les éleveurs ne demandent pas l’impossible. Ils souhaitent pouvoir travailler avec des règles claires et partagées, dans une relation de confiance durable avec les parties prenantes.

Nous mesurons aujourd’hui combien la désindustrialisation du pays a détruit nos emplois et hypothéqué notre capacité à rayonner. Dans le secteur de l’énergie, nous payons cher les errements de politiques publiques hésitantes, mal calibrées, marquées par une défiance constante à l’égard de notre parc nucléaire. Avec la guerre russe en Ukraine, nous avons été contraints de changer de stratégie, au risque de perdre une industrie qui assurait notre souveraineté énergétique. Ne commettons pas les mêmes erreurs avec le secteur agricole. Réarmons le potentiel agricole français. Il est encore temps de maintenir notre puissance agricole et de la développer. Tous les sujets doivent être mis sur la table et traités avec l’esprit d’examen : revenus des producteurs, conditions de production, coûts de production et du travail, protection de nos filières, politique de l’offre. La souveraineté a un prix.
Nous tous devrons participer à le payer : l’État, les producteurs, les transformateurs et les consommateurs.

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